« Vous n’avez pas honte ? » : le sateficit de Blanquer passe mal auprès des médaillés olympiques

mardi 10 août 2021


Le ministre de l’Education nationale s’est attiré les railleries des médaillés olympiques, après ses propos sur la « qualité de l’enseignement » du sport à l’école. Derrière la blague, plusieurs sportifs pointent du doigt le manque de moyens.
Source Libération du 09-08-2021

Un contre en règle. A peine les Jeux de Tokyo terminés, le ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer s’est fendu via Twitter de quelques mots de félicitations à destination des champions tricolores. « Vive le sport collectif ! Vive l’EPS ! Le succès de nos équipes de France illustre la qualité de l’enseignement de ces sports à l’école. Saluons le travail des enseignants d’EPS et la bonne collaboration avec les fédérations. » Façon de s’approprier les résultats des Bleus en basket, handball et volley – trois médailles d’or, une d’argent et une de bronze pour la délégation française. Flairant la récupération politique, plusieurs sportifs ont pris la balle au bond sur les réseaux, moquant la réaction du ministre.

« Vous n’avez pas honte ???, a par exemple lâché l’ancien rugbyman Maxime Mermoz. Le sport à l’école ? On en fait au minimum à l’école ! Heureusement que des passionnés sont là en club !!!! Des bénévoles qui donnent tout pour nos jeunes !! » Et d’interroger, alors que la France accueillera les Jeux en 2024 : « Quels sont les moyens donnés au sport scolaire pour faire des champions de demain ?? »

« Et mercé l’EPS hein ! »

Avec 33 médailles, dont 10 en or, et une 8e place, la France a fait moins bien qu’à Rio, en 2016 (42 médailles dont 10 dorées et une 7e place). Un bilan « mitigé », selon Brigitte Henriques, la présidente du Comité olympique français (CNOSF). Blanquer, lui, vante surtout les mérites de l’Education physique et sportive (EPS) à l’école, à l’origine selon lui des prouesses sportives françaises. Ce lundi, au micro d’Europe 1, cette fois-ci : « Des sports comme le handball, le basketball ou le volleyball sont des sports qui sont très pratiqués à l’école par nos professeurs d’éducation physique et sportive, depuis des années et des années. Et on voit maintenant des générations de handballeurs se succéder et à chaque fois remporter la médaille d’or. Ça montre que le système scolaire, dans la durée, a beaucoup d’importance […] pour l’élite du sport. »

De quoi susciter les critiques des médaillés olympiques, à l’image de l’arrière de l’équipe de basket, Evan Fournier. « Au contraire monsieur le ministre [Jean-Michel Blanquer]. Notre culture sportive à l’école est désastreuse, tacle le basketteur. Si mes coéquipiers et moi-même sommes arrivés à l’élite de notre sport c’est grâce aux associations sportives, aux clubs, aux bénévoles mais en aucun cas grâce à l’école. »

La nageuse Marie Wattel, 6e du 100 mètres papillon à Tokyo, y est également allée de son tweet moqueur : « J’hésite à reprendre les cours d’EPS du coup pour Paris 2024. » Ou encore le basketteur Vincent Poirier : « J’ai quand même rarement fait du basket à l’école mais tranquille. » Et d’ajouter, taquin : « Et Mercé L’EPS hein », après la médaille d’argent des tricolores face aux Etats-Unis. D’autres ont fustigé le manque de moyens dans l’enseignement du sport à l’école, comme le gardien de l’équipe de France de hand, Vincent Gérard : « Heureux de voir que l’EPS est considérée sur les réseaux sociaux. Parce que dans la réalité… Comme le reste de l’enseignement d’ailleurs. Les moyens ne sont pas là… »