75% des enseignants jugent insuffisante leur formation en IUFM

dimanche 17 septembre 2006


Manque de conseils pour gérer les situations de conflits, manque d’analyse des pratiques, stages trop courts...

Les 1.200 enseignants du premier degré public interrogés par la DEPP (Direction de l’évaluation et de la prospective et de la performance du ministère de l’Education) pensent à 75% que leur formation de 2e année en IUFM a été « insuffisante » .

Décryptage du sondage dont les résultats viennent d’être publiés avec Nadine Esquieu de la DEPP.

Dans quel cadre avez-vous réalisé cette enquête ?

Nous avons réalisé cette enquête à la demande de la Direction de l’enseignement supérieur qui souhaitait savoir ce que les enseignants pensaient de leurs formations en IUFM. 

Les ¾ des enseignants jugent leur formation « insuffisante » voire « très insuffisante », quelles réalités recouvrent ce terme ?

Effectivement on peut mettre un tas de choses derrière le terme « insuffisant », mais d’après les réponses on sait que la formation est jugée « insuffisante » principalement en terme de temps. Pour l’instant la formation se fonde sur des stages de quelques semaines mais ce qui manque c’est une véritable alternance.

Lorsque les enseignants disent être dépourvus d’analyse des pratiques professionnelles, c’est qu’ils veulent un système où, par exemple, ils iraient à l’IUFM le matin et feraient la classe l’après-midi. Ils pourraient alors avoir un retour immédiat et une pratique réflexive et concrète sur ce qui n’a pas marché en classe.

Quels sont les enseignements jugés utiles par les enseignants ?

Les jeunes professeurs demandent des réponses sur la gestion du quotidien. Ce qu’ils veulent ce sont des recettes : comment gérer la discipline, la diversité, l’hétérogénéité des publics, etc.

Ils vont trouver utile l’enseignement qui leur apprend à placer leur voix par exemple. Savoir placer sa voix pour attirer l’attention et mettre en place une autorité est directement applicable. Gérer l’espace, ne pas avoir de temps mort, diriger des enfants qui n’apprennent pas à la même vitesse (1) ... Les enseignants sont demandeurs d’une praxis efficace et mobilisable immédiatement.

Quels sont les enseignements jugés utiles au niveau de la culture professionnelle, que vous différenciez dans votre enquête de la pratique professionnelle ?

Lorsqu’ il s’agit de culture professionnelle, les enseignants prennent de la hauteur. Ils trouvent très précieux les savoirs disciplinaires : ils peuvent avoir des lacunes en géographie par exemple et voudront améliorer leurs connaissances dans cette discipline (2). Mais le principal point critique, qui existe depuis 10 ans, c’est la quasi-absence de formation en psychologie de l’enfant : on ne peut malheureusement pas tout leur apprendre en une année !

Que pensent les enseignants de leurs formateurs en IUFM ?

Il y a une dizaine d’années, on avait demandé aux professeurs quelle était leur position par rapport aux formateurs : ils n’étaient pas totalement satisfaits. Selon eux, les formateurs d’IUFM n’allaient pas assez sur le terrain, n’étaient pas assez en prise avec les problèmes actuels. Les IUFM ont évolué en dix ans et nous n’avons pas jugé utile de reposer la question en 2005. Il est vrai que ponctuellement tel ou tel stagiaire disait « ce formateur n’a jamais mis les pieds dans une maternelle ». Cela a pu exister.

Propos recueillis par Hanna Mbonjo, VousNousIls

1) 44% des enseignants du premier degré disent avoir du mal à s’adapter au niveau des élèves.

2) 65 % des enseignants disent avoir du mal à enseigner l’informatique, 58% les langues vivantes.

Commentaires

  • Elle lui donne raison pour la réforme du statut de l’enseignant qui est en cours et qui permettra la fermeture des IUFMs.

    Eh oui les petites économies font des grandes économies. Bientôt pour se faire opérer, il faudra faire comme à la Poste, prendre un ticket et attendre dans le couloir que les 200 numéros soient appelés ;

    Cela ne va pas toucher M. Sarkozy, il va à l’hôpital américain de Neuilly !