Conseil Supérieur de l’Education : déclaration de Sud Education

samedi 16 juin 2012


CSE du 8 juin : il faut un vrai plan d’urgence pour la rentrée 2012 !

Il faut un vrai plan d’urgence pour la rentrée 2012 !

C’est le 1er CSE sous le nouveau gouvernement et nous ne cachons pas que nous ne regrettons en rien le précédent ! En effet au cours du dernier quinquennat l’éducation nationale a connu les pires régressions depuis la Libération. Pour accompagner un ensemble de contre réforme de l’école à l’université en passant par l’éducation prioritaire et les lycées, Sarkozy et Fillon ont supprimé 75.000 postes et 13.000 suppressions d’enseignants et de personnels administratifs sont toujours prévues pour la rentrée 2012.

Nous n’acceptons pas que la rentrée se fasse dans ces conditions. Certes nous prenons acte des 1res annoncées : abrogation du décret sur l’évaluation des enseignants, de la LRU, création de 1000 postes supplémentaires dans le 1er degré, remploi des contrats aidés. Pour autant elles nous semblent bien insuffisantes.

Le ministère qui remet la concertation avec les organisations syndicales au gout du jour a reçu notre fédération le 6 mai. Si nous prenons acte d’une méthode méconnue du gouvernement précédent ce CSE est pour nous le moment de réaffirmer que des mesures plus ambitieuses pouvaient être prises immédiatement :

  • Recréer les postes dont les écoles et les établissements supprimés à la rentre avec une priorité à l’aide aux élèves en difficulté : rased, dispositifs d’aide du 2nd degré, qui ont été particulièrement frappés. C’est la revendication première des enseignants et des parents en lutte. Pour aller dans cette direction nous vous proposons quelques solutions, réouverture plus importante des listes complémentaires dans le 1er degré, augmentation du nombre d’admissibles et d’admis aux concours du 2nd degré, attribution de tous les postes, titularisation des personnels précaires.
  • Rétablir le tiers temps devant élèves des stagiaires dès la rentrée 2012 comme vous le permet l’arrêt du conseil d’Etat du 1er juin vous donnant jusqu’au 31 juillet 2012 pour revoir la formation des enseignants. En tout état de cause si vous en restiez à 3h de décharge vous devez vous donner les moyens qu’elles soient effectives et non en heures supplémentaires.
  • L’abrogation des décrets sur l’évaluation des enseignants exigée par les luttes récentes doit être étendue aux non enseignants qui sont déjà régis par cette évaluation managériale dont ils demandent l’abandon.
  • Le livret personnel de compétence que refusent les personnels dans les collèges et qui doit se mettre en place à la rentrée dans le premier degré, ainsi que le nouveau dossier du bac introduit en première cette année doivent être retirés.
  • La non-remontée des évaluations des élèves dans le premier degré, l’abandon du projet d’évaluation de fin de 5e, la fin de l’alternance dès la 4e, doivent s’accompagner de la suppression des nombreux systèmes de fichages des élèves et des personnels largement contestés.
  • L’arrêt de la transformation des GRETA en GIP.
  • Il faut lever toutes les sanctions et autres répressions à l’égard des mouvements sociaux, des syndicalistes, des jeunes…

Très rapidement il faut abroger les contre- réformes en cours et ouvrir la voie à une transformation démocratique de l’Ecole.

Parmi toutes les contre réformes à abroger, en premier lieu, il y a la loi d’orientation Fillon de 2005 sur le socle de connaissances et de compétences, ainsi que toutes ses applications ou attaques complémentaires, dont on a pu mesurer les résultats catastrophiques pour la réussite des élèves et pour les statuts et l’indépendance des personnels : l’Ecole du socle et le programme rétrograde de 2008, la réforme des lycées, le dispositif ECLAIR et l’ensemble des mesures de destruction de l’Education prioritaire (carte scolaire, internats d’excellence…), mais aussi la loi OFPTLV et restaurer un service public d’orientation dans l’Education nationale digne de ce nom.

Mais peut-être la nouvelle loi d’orientation y pourvoira-elle ? Pour nous elle devrait s’inspirer des principes suivants : construire une école qui amène tous les élèves à un niveau de connaissance et de réflexion leur permettant de vivre librement dans cette société et qui s’efforce donc avant tout de pallier aux inégalités. Une école de l’intégration par et dans la laïcité… ce qui nécessiterait aussi pour nous la fin de la dualité public /privé. Une école solidaire qui refuse la mise en concurrence, la hiérarchie des filières et offre une formation polyvalente jusqu’à 18 ans.

De même il faut enrayer la crise de recrutement des métiers de l’éducation et stopper leur précarisation, sinon aucune réforme démocratique ne sera possible. _ C’est pourquoi nous attendons l’abrogation de la réforme de la mastérisation et le retour à un recrutement à la licence suivi de 2 années de formation salariées comme fonctionnaire stagiaire, validées par la délivrance d’un master. Un temps de décharge de service doit rendre aux deux générations de collègues titularisés depuis 2010, la formation initiale dont les a privé la « mastérisation ».

Ainsi si M. Peillon affirme vouloir reconstruire, il doit d’abord éviter une année de démolition supplémentaire. La loi devra fixer un cap clair sur le rythme de recrutements de titulaires, une autre formation des enseignants, la titularisation des précaires sans conditions de concours et de nationalité.

Sans ces moyens pour reconstruire l’Ecole publique, les débats auxquels nous tenons sur les rythmes scolaires, les réformes au collège comme au lycée, l’éducation prioritaire ne seront pas crédibles pour les personnels.